Cette légende raconte l'origine des orques... Il était une fois, un jeune homme du nom de Naatsilanei. C'était un très bon chasseur, si bon, que ceux de son clan étaient jaloux de lui. Un jour, ces derniers l'emmenèrent sur un gros rocher aussi aride que lointain. Il n'y avait, sur ce rocher, que phoques et otaries. Dès que Naatsilanei eût débarqué, ses "frères"se mirent à pagayer en direction de leur camp, le laissant seul. Tous étaient d'accord pour l'abandonner. Seul le plus jeune du groupe était opposé à cette idée. Il tenta de raisonner ses aînés, en vain. N'ayant rien à faire de ses journées, Naatsilanei dormait beaucoup. Un jour, alors qu'il allait s'endormir, il entendit une voix qui lui disait: "je suis venu pour t'aider". Il regarda autour de lui mais ne vit rien. Il releva sa couverture sur lui, jusqu'à disparaître dessous, mais entendit encore cette même voix qui répétait "je suis venu pour t'aider". Il sentit alors que quelque chose était là pour lui venir en aide. Il fit un trou dans sa couverture et vit, au travers, un goéland s'approcher de lui. Avant que l'animal n'ait le temps de parler, Naatsilanei lui dit "mais je t'ai déjà vu". Alors le Goéland répondit qu'il était venu pour lui demander de guérir quelqu'un, d'aider une personne malade et que s'il y arrivait, il serait récompensé. A marée basse, Naatsilanei alla chercher la seule nourriture disponible sur ce rocher aride; des fruits de mer. Alors qu'il en cherchait, en soulevant le varech, il aperçut une sorte de porte. Il l'ouvrit, entra et se retrouva à l'intérieur d'une grande maison. Au fond, il vit un homme blessé. C'était le fils du chef des Otaries. Rien qu'en l'apercevant, il comprit d'où venait la souffrance de cet homme. Il avait une pointe de lance, cassée, plantée dans le dos. Lorsqu'on lui demanda s'il pouvait le soigner, Naatsilanei répondit positivement. Il demanda de l'eau et se mit à tourner autour du mourant, en chantant, comme un sorcier. Après avoir utilisé l'eau pour nettoyer la blessure, il s'empara de la pointe de lance, la fit légèrement tourner et la retira. Il comprit pourquoi les otaries n'avaient pas été capables de voir la pointe. Lorsqu'on lui demanda ce qu'il souhaitait en dédommagement, le Goéland conseilla à Naatsilanei d'accepter un des sacs pendus au plafond, ce qu'il fit. Les Otaries lui donnèrent le sac du Vent d'Ouest, lui précisant qu'il l'emmènerait loin du rocher. Il devait, pour cela, ne plus penser à l'île (rocher) mais uniquement à sa maison. Il grimpa dans le sac. Il était presque arrivé à destination, lorsqu'il se mit à penser au rocher. Il sentit le sac cogner contre la roche. Il était revenu sur son île, son rocher aride. Les Lions de mer sortirent afin de le remettre dans le sac, puis à l'eau. Cette fois, Naatsilanei pensa très fort à sa terre. Le sac arriva bientôt sur une plage du continent... Le soir, alors que tout le monde dormait, il vint voir sa femme et lui demanda ses outils de sculpteur. Ne prenant que cela, il revint à l'endroit où il avait décidé de s'installer (habiter). Il commença donc à sculpter des orques. Au départ, il utilisa du peuplier de Virginie. Il en sculpta ainsi 8, tous différentes. Lorsqu'il eut terminé, il creusa devant son habitation, un trou de la taille d'un étang. Il mit les orques à l'eau et leur demanda de ramener tout poisson, phoque ou nourriture qu'elles pourraient trouver. Mais il y avait beaucoup de remous et d'écume, et bientôt, les orques s'échouèrent sur la rive. Il décida de recommencer mais avec, cette fois ci, du cèdre rouge. Une fois son oeuvre finie, il mit les orques à l'eau et leur donna les mêmes instructions que précédemment. Et le même résultat se produisit. Alors, il recommença à sculpter des orques dans différents types de bois. Chaque fois, la tentative échouait... Un jour, il prit du cèdre jaune pour sculpter ses orques. Il les mit à l'eau et leur demanda de pêcher pour lui. Quand il eût fini de parler, les orques plongèrent dans l'eau et nagèrent jusqu'à la mer. Cette fois, elles ne s'échouèrent pas, elles nageaient sous l'eau. Elles rapportèrent à Naatsilanei morues, vivaneaux, saumons, flétans, phoques et toute autre nourriture de la mer. En peu de temps, sa maison regorgea de nourriture apportée par les orques. Un jour, il vit son clan se déplacer, en canoë, vers un autre camp. Il mit les orques à l'eau, les aligna, leur demanda de nager vers ces canoë et de les détruire. "Laissez ces gens se noyer, car ce sont eux qui m'ont abandonné sur le rocher pour m'y laisser mourir. Tous, sauf un, le plus jeune d'entre eux. Il fut le seul qui tenta de m'aider". Obéissant à Naatsilanei, les orques se dirigèrent vers les canoës du clan et les coulèrent tous. Elles placèrent le plus jeune dans une des épaves. 2 orques prirent chacune une extrémité (de l'épave) qu'elles posèrent derrière leur aileron. Elles ramenèrent ainsi le jeune homme sain et sauf au bord du rivage. Après ce qui venait de se passer, Naatsilanei aligna les orques et s'adressa à elles comme s'il s'agissait d'humains. Il leur dit que même si elles étaient faites pour tuer, elles ne devraient plus tuer d'humains, car c'est un homme qui les a sculptées, créées. A partir de ce jour, elles ne tueront plus aucune personne, mais elles pourront toujours chasser tuer) ce qui se trouve dans les océans. Aujourd'hui, quand les Tlingit voient des orques, elles les considèrent comme des prédateurs allant à la chasse. Ils leur demandent de leur rapporter de la nourriture. Quand la graisse d'Orque est jetée dans le feu, elle crépite comme le fait le cèdre jaune... Les descendants de Naatsilanei utilisent toujours l'Orque comme symbole (armoiries). d'ailleurs, ils se nomment eux même le Peuple des l'Orques. On peut retrouver cette représentation symbolique sur les couvertures, vestes, mocassins, coiffes ainsi que sur les totems. L'orque y est identifié par une dorsale et des dents pointues. |