Je fait une brève présentation, je suis étudiante en éthologie, grande amoureuse de la nature, des animaux et en particuliers des cétacés, je profite de ce forum pour faire passer mon message, mon coup de gueule.
Je voudrais vous demander une définition précise de ce que l'on appellera "aimer les animaux".
J'aime les animaux, et je dois dire, plus que tout au monde, il n'y a rien de plus important à mes yeux que leur étude, leur compréhension, mais aussi leur protection, qui passe par celle de leur habitat.
La première fois que j'ai vu des cétacés, à mon plus grand regret, ce fut en delphinarium...
L'image complètement erronée faite de ces animaux m'a mis hors de moi!
Je ne peux comprendre, ni concevoir l'idée que l'on puisse les garder enfermé dans des aquarium!
Ce sont des animaux qui sont exploités pour leur beauté, leur puissance, leur intelligence et la fascination qu'ils induisent à ceux qui les regardent...
Pensez-vous réellement que dans un bassin de taille infiniment petite comparée à l'environnement dont ils disposeraient à l'état sauvage puisse les épanouir?
Et vous me répondrez qu'ils sont nés en captivités pour la plupart, et ne peuvent donc regretter quoi que ce soit...
Est-ce une raison?
Nos connaissances actuelles sur les cétacés, comme beaucoup d'animaux frôle le 0%. Nous ne sommes même pas capable d'évaluer leur intelligence.
Seulement, nous savons qu'ils le sont, et peut-être bien plus que nous le pensons...
Des animaux aussi intelligents ont besoin d'être stimulés. Pas par des jeux, des tours et compagnie!
Ils ont besoin de répondre à des besoins innés, résultats de millions d'années d'évolution!
Les orques, les dauphins sont des prédateurs, ils ont besoin de chasser! Et manger du poisson mort revient à renier son instinct de prédateur, au profit d'un comportement de charognard!
Comment un tel animal peut-il du jour au lendemain, ou, seulement au bout de quelques générations captives, s'accommoder de cela?
Impossible!
Les animaux apprennent, et ce au détriment de leurs réels besoins. Cela s'appelle "l'instinct de survie", s'adapter, ou mourir.
Ce qui explique pourquoi les cétacés "survivent" en captivité.
Mais l'exemple de la prédation en est un parmi tant d'autres: la constitution des pods, les interactions sociales, la nage, l'élaboration de techniques de chasses, le régime alimentaire varié, le foraging... et tant d'autres (à l'heure actuelle, les cétacés sont encore trop peu connus)!
Les cétacés captifs subissent un stress permanent, ils sont frustrés, de ne pouvoir répondre à ces comportement innés, et à devoir se comporter contre leur instinct même. Ils sont obligés d'exécuter les tours pour se nourrir et ne le seront pas autrement, car c'est le seul moyen pour faire coopérer un tel animal à exécuter des tours aussi ridicules (ce qui explique parfois leur entrain, et la lassitude de certains)!
Les poissons, peu variés (pour des raisons économiques) sont bourrés d'antidépresseurs et de compléments vitaminés pour combler les carences nombreuses...
Les bassins, trop peu profonds exposent les animaux quasi en permanence à la lumière, les reflets les aveuglent, d'ailleurs, vous constaterez que les delphinarium les plus récents auront pris soin de couvrir les bassins, car ils ont pris conscience du problème.
Aussi, l'eau, souvent chlorée, traitée irrite les yeux, et beaucoup de cétacés les maintiennent fermés ou mi-clos.
Elle abîme la peau et les orifices par lesquels elle pénètre...
Les cétacés ont appris à maintenir la tête hors de l'eau, comportement tout à fait artificiel, puisqu'il n'existe d'équivalent naturel que la "chandelle" observée chez les orques et les globicéphales.
Leurs yeux à l'air libre sont particulièrement exposés aux rayons du soleil à la surface de l'eau...
Les pauvres animaux sont amenés à dépérir, souffrir, soit par leur environnement lui même, ou par le public, qui frappe l'aquarium, hurle, même la musique lors des show est bien trop insupportable, pour l'ouie si fine des cétacés.
L'eau est un milieu dense, les sons se répandent bien plus facilement et rapidement que dans l'air.
L'ennui, à lui seul, pourrait être un facteur de dépression, mais comme constaté, il n'est pas le seul...
Les cétacés captifs ont une espérance de vie bien limitée, comparée à celle des cétacés sauvages!
Les animaux se meurent, le stress engendre des problèmes nombreux, dont les fausses couches chez les femelles, le taux de mortalité élevé des jeunes, les comportements stéréotypes, anormaux (le simple fait de tourner en rond sans fin dans un bassin), les morts prématurés, les accidents, que ce soit entre cétacés, ou avec les soigneurs, les tentatives de suicides, parfois sanglantes, le refus de respirer (la respiration des cétacés n'est pas automatique comme la notre), une agressivité décuplée... la liste est longue.
Les humains connaissent et interprètent très mal le comportement des cétacés qu'ils observent en bassin.
La plupart d'entre eux sont de toutes façons contrôlés, les animaux, suffisamment affamés pour n'avoir d'yeux que pour les soigneurs et répondre à leur demande.
Prenez le temps de les observer, et vous verrez, vous percevrez dans leur langage corporelle toute la gravité de leur détresse.
L'orque qui ouvre la gueule après avoir exécuté un tour vient réclamé son dû.
Un dauphin qui tourne sans fin dans un bassin semble chercher une faille invisible ou rompre l'ennui.
Richard O'Barry, le soigneur de Flipper, aujourd'hui militant contre la cause des dauphins, raconte qu'il devait avoir 5 dauphins affamés sur le tournage, car une fois repus, les dauphins refusaient toute coopération.
Il racontera merveilleusement bien toute la vérité dans un film que je vous recommande vivement "The Cove".
Un exemple tout anodin pour illustrer mon message, sur youtube vous pouvez voir des cétacés donner naissance à leur petit. Sur beaucoup, vous pouvez observer la nervosité de la femelle, et même une tentative de noyer le petit(dolphin birth). Les spectateurs n'auront même pas constatés ces simples détails...
Oubliez un instant leur sourire, et vous observerez une réelle souffrance.
Si vous les aimer vraiment, arrêtez de payer, cautionner les delphinarium, encouragez leur protection à l'état sauvage en vous renseignant sur leurs véritables comportements, et en allant les observer via des associations sérieuses.
Ce n'est pas la captivité qui sauvera ces créatures si magnifiques, mystérieuses et si vulnérables.